14 Avril 2015
Imperturbable, la petite gare de Pornichet accueille depuis 136 ans des flots de voyageurs. Mais, à l’époque, nul n’aurait pensé que la construction de la voie de chemin de fer Saint-Nazaire / Le Croisic contribuerait à un tel développement de la ville.
Une ligne détournée de son but originel
En 1857, la ligne de chemin de fer Nantes - Saint-Nazaire est inaugurée et permet ainsi d’innombrables échanges de marchandises entre les deux villes. Dès le début des années 1860, la ville du Croisic demande le prolongement de cette ligne afin de désenclaver la région en expédiant son sel et les produits de la pêche vers Paris. Après maintes demandes au Conseil Général, le projet est finalement approuvé et la ligne de chemin de fer Nantes – Le Croisic avec une bifurcation vers Guérande est inaugurée le 11 mai 1879. Le premier train est béni trois fois : au départ de Saint-Nazaire, à Guérande et à l’arrivée au Croisic(1). Très vite, cette ligne de chemin de fer, va contribuer à l’essor des bains de mer dans la région. En effet, ces trains prévus avant tout pour le transport des marchandises vont être pris d’assaut par les familles parisiennes et nantaises désirant venir en villégiature sur nos rivages. Pornichet n’est plus qu’à 10 heures de Paris par train rapide ! Cet engouement va donner naissance "aux trains du plaisir", expression désignant les trains reliant les grandes villes aux lieux de vacances.
Des arrivées mouvementées
Comme dans toutes les villes balnéaires françaises, la gare de Pornichet, avec trois arrivées de trains par jour, connaît dès 1879 une véritable effervescence. Les familles arrivent sur la commune pour un minimum de trois mois, la saison estivale commence dès Pâques et se finit avec les derniers beaux jours de septembre. Bien évidemment, les domestiques et une foule de bagages font parties du voyage. Une fois arrivée à la gare, le périple n’est pas fini pour autant : des omnibus, charrettes et autres moyens de transport improvisés se pressent à la sortie afin d’acheminer les voyageurs vers leur destination finale : villa, hôtel, pension de famille… Parfois, il faut attendre des heures qu’un voiturier soit disponible. Heureusement ces arrivées de train sont de véritables moments de fêtes et des groupes de musiciens plus ou moins improvisés viennent les accueillir et leur font oublier pour un moment la fatigue du voyage.
Avec ses arrivées, la physionomie de Pornichet se trouve très vite modifiée. Si l’essentiel des boutiques et autres échoppes étaient regroupées autour de la place du marché, rapidement les commerçants, flairant la manne financière que représente l’afflux de ces visiteurs, ouvrent leur magasin (souvent de simple cabane en bois) autour de la gare et Pornichet se voit ainsi dotée d’un deuxième centre ville.
Aujourd’hui, Pornichet n’est plus qu’à 3 heures 30 par TGV de la capitale, mais la petite gare n’est plus le cadre d’arrivées massives, joyeuses et aussi désordonnées. L’essor de l’automobile et le changement d’habitude des Français en matière de vacances ont modifié l’arrivée aux bains de mer…
Imperturbable, la petite gare de Pornichet accueille depuis 125 ans des flots de voyageurs. Mais, à l’époque, nul n’aurait pensé que la construction de la voie de chemin de fer Saint-Nazaire / Le Croisic contribuerait à un tel développement de la ville.
Un air de déjà vu…
Les gares du Pouliguen et du Croisic ressemblent étrangement à celle de Pornichet. Hasard ? Coïncidence ?…Elles ont tout simplement été dessinées et construites en 1878 lors de la création de la voie de chemin de fer par Antoine de la Perrière, ingénieur pour la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans. Le modèle est identique : un bâtiment voyageur avec, au 1er étage, le logement du chef de gare, un hall à marchandises et des cabinets d’aisance… L’adjonction de nouveaux bâtiments au fur et à mesure des besoins, modifiera et donnera par la suite une identité à chaque gare.
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