13 Janvier 2012
Tout le monde connaît le Ninon Tennis Club de Pornichet, crée le 18 janvier 1914, l'un des plus anciens de France. Mais peu de personnes savent qu'il doit son nom à un parc de loisirs situé en lisière de Pornichet, au pied du coteau du Guézy.
Au cours de l'année 1910, Roger Paris, un jeune parisien de 5 ans issu d'une famille aisée, est souffrant. Son médecin lui préconise alors un changement d'atmosphère et, tout particulièrement, l'air de la mer tamisé par les pins. Le jeune garçon se rend alors avec sa grand-mère à Pornichet à la fin de l'été. Après quelques mois, il est guéri. Son père décide alors de le laisser à demeure dans cette région saine. Il achète un terrain boisé de plusieurs hectares situés au-dessus de la gare de Pornichet, dans cet espace alors incertain et âprement disputé entre la jeune commune de Pornichet et celle de La Baule -Escoublac. Il y construit alors une villa de grand confort. Toutefois malgré les bains de mer et les promenades, les distractions manquent aux enfants. Monsieur Paris créé alors le Parc Ninon qui ouvre ses portes en 1912.
La première année, le parc est ouvert les trois mois d'été et accueille 8 000 visiteurs. Monsieur Paris, a, en effet, vu les choses en grand. Dès l'entrée, un magasin de souvenirs côtoie un kiosque rustique accueillant les amateurs d'ombre. Puis les visiteurs découvrent un vélodrome aux virages relevés, quatre courts de tennis ombragés, un boulodrome, un golf miniature, trois aires de croquets, des tables de bridge, des portiques garnis de balançoires et trapèzes ainsi qu'une multitude de chaises et de bancs permettant aux parents de surveiller leur progéniture, confortablement assis à l'ombre des pins. Un buffet très garni et fortement apprecié à l'heure du goûter est implanté dans le centre du parc.
Une des attractions qui connait un vif succès est la balade à dos d'âne. Des ânes ont été importés spécialement d'Afrique par le propriétaire pour amuser et promener les touts-petits.
Des services plus surprenants encore sont proposés : une salle de douche, des vestiaires, un poste de secours pour les petits éclopés et un vaste salon de lecture où l'on trouve un large choix de livres, de journaux de mode, de jeux de salons...
Une couturière est même engagée pour vendre des vêtements variés mais aussi pour réparer les accrocs malencontreux ou les déchirures gênantes.
Soucieux du bien-être de sa clientèle, Monsieur Paris installe également un service postal où papiers à lettres et cartes sont gracieusement mis à disposition et où les abonnés du parc peuvent même bénéficier d'un affranchissement gratuit de leur courrier.
Le parc étant complétement éclairé à l'électricité, de nombreuses fêtes, de jour comme de nuit , sont également organisées dont celle du 18 août 1912 ou pornichétins et locaux purent en profiter.
Monsieur Paris entend choisir sa clientèle et n'accueille qu'une population fortunée et choisie avec grand soin. Si ses tarifs sont modiques, il sélectionne néanmoins sa clientèle en restreignant sa publicité aux magasins de standing du centre-ville, le casino ou les grands hôtels.
Un ami érudit et latiniste lui compose un blason et une devise latine : "Sinite parvulos ludere et reficere vires in Parco Ninon" ("Laissez venir les petits enfants jouer et refaire leurs forces dans le parc Ninon"). Placée à l'entrée du parc, cette devise en latin constitue une sorte de reconnaissance pour l'élite de l'époque qui fait la part belle aux langues mortes, a contrario des résidents locaux qui ne pouvant la déchiffrer, se sentent écartés.
A noter qu'une chanson a même été composée et imprimée sur des cartes pour chanter les louanges du parc (dont le titre de cet article a été tiré) :
Si le Parc Ninon connaît un vif succès dès son ouverture, la première Guerre Mondiale marque la fin de son développement et seuls les courts de tennis sont encore exploités. Quant aux terrains qui constituaient ce parc, ils ont été morcelés à partir des années 1920.
Bibliographie : pour plus d'infos sur le Parc Ninon et Pornichet à cette époque : "Pornichet et ses environs par un groupe d'amateurs" - Monographies des villes et villages de France - Collection dirigée par M-G Micberth.
Commenter cet article