2 Mars 2012
Malgré de nombreux épisodes qui ont jalonné son existence, l'Océan, un des premiers hôtels de la ville, se dresse toujours fièrement sur le boulevard de mer.
L'Océan fait partie du paysage de Pornichet. Cet édifice de granit, brique et bois veille sur la plage des Libraires depuis près de 150 ans.
Tout débute en 1881. A cette date, Maxime Boucheron, auteur dramatique s'associe avec ses amis Jean Lassalle et Henri Sellier, deux artistes de l'Opéra lyrique et fonde la Société Foncière de Pornichet-les-Pins. Ils inaugurent en 1882 le Grand Hôtel de l'Océan, du Casino & du golf édifié par Henri Van Den Broucke, architecte très en vogue à l'époque et notamment à Sainte-Marguerite où il réalisera les villas Ker Juliette, Laetitia, Ker Arvor, Ker Gaïdic...
A cette époque, c'est, avec l'Hôtel des Bains et de la plage, un des seuls édifices construit sur la baie. Très vite, la clientèle la plus huppée le fréquente, attirée par la notoriété des trois hommes, mais aussi par la douceur du climat pornichétin et le confort de l'hôtel : 150 chambres, un casino, une salle de spectacles (où à la belle saison, se jouent, deux fois par semaine, des concerts, des bals et des représentations théatrales), coiffeur pour dames et messieurs, des écuries... et un golf !
La vie y est douce. Sarah Bernhardt, en villégiature à Sainte-Marguerite, apprécie également l'établissement.
Jean Lassalle propose même devant son établissement, chaque 15 août, des courses hippiques qui attirent la bonne société parisienne ou encore nantaise.
Las, les directeurs associés sont avant tout des artistes et de piètres gestionnaires. En 1887, ils sont contraints de vendre l'établissement à Paul Collet, un notaire pour la somme de 90 000 francs. L'hôtel ré-ouvre ses portes mais sans l'activité casino, jugée alors peu rentable. Il s'appelle désormais Le Grand Hôtel de l'Océan. Paul Collet y apporte quelques améliorations et notamment en 1902, où l'établissement entier est éclairé au gaz acétylène.
Puis Louis Lajarrige, qui jouera par la suite un rôle majeur dans le développement de La Baule-Les-Pins, se porte acquéreur de l'établissement pour la somme de 117 000 francs en 1909. Ce dernier y organise des séjours en colonies de vacances pour les enfants des employés de la Compagnie du Gaz jusqu'en 1921.
Les enfants posant fièrement sur la terrasse de l'Océan
Cette période est entrecoupée, pendant la Première Guerre Mondiale par l'occupation anglaise de l'établissement qui le transforma en hôpital.
Puis, la vie reprend son cours...
En 1921, Louis Lajarrige revend l'hôtel à Joseph Amable Langlois, également propriétaire du Family-Hôtel situé à quelques encablures de l'établissement. Avec sa femme, Berthe, il va gérer l'hôtel de main de maître et le moderniser comme en témoigne cet article du journal La Mouette daté du 25 mai 1930 : "L'Hôtel de l'Océan ou l'Océan comme le sympathique M. Langlois, le dénomme, qui est véritablement de première classe se perfectionne sans cesse. Son propriétaire-directeur comprend toute l'importance du progrès dans les aménagements intérieurs et dans l'organisation générale. L'Océan rend grand service à Pornichet en y attirant une clientèle de choix. Notons que cet imposant hôtel a 100 mètres de façade, partout de l'espace, de l'air, de la lumière, des fleurs, des plantes, de la fraicheur, un arôme de printemps même par les chaleurs estivales.
(...) Si nous ajouons que le mobilier du premier étage a été entièrement remis à neuf, qu'un hall-garage pour 60 voitures a été établi, que d'autres améliorations sont projetées, on comprend aisément que l'Océan se lance avec la certitude du succès dans la grande propagande (NDLR: = publicité) : des panneaux portent son nom L'Océan/Pornichet sur toute la Vallée de La Loire."
Guide de l'hôtel des années 1920-1930
En 1930, un golf est également adjoint à l'hôtel tenu par Percy Bloomer, célèbre golfeur originaire de l'Ile de jersey, vainqueur de l'Open de Belgique en 1923, de l'Open de Suisse en 1924 et l'Open de Hollande en 1927.
Joseph Amable Langlois, qui outre son métier d'hôtelier est également conseiller municipal, ne peut malheureusement pas savourer longtemps ces nouveaux aménagements. Il décède en août 1930.
Sa femme et ses enfants continuent à gérer l'établissement.
Publicité de 1939
La guerre de 1939-1945 va venir interrompre le succès de l'hôtel. Il est alors occupé par l'Armée Allemande qui marque son passage par l'adjonction d'un blockhaus puis par le 34e Régiment d'Infanterie et le 5e Bataillon.
A la Libération, le bâtiment est utilisé par les élèves du Collège Aristide Briand de Saint-Nazaire, dépourvus de leur école, bombardée en 1943. Là encore le sort s'acharne : un incendie se déclare en 1947 dans les combles, heureusement sans gravité.
En 1952, les descendants Langlois, ayant retrouvé leur bien, ne peuvent réparer les dommages causés par toutes ses viscissitudes et sont contraints de vendre l'établissement en co-propriétés.
A noter que le clocheton qui avait disparu avec le temps a été repositionné en 2000 sur l'établissement. Toutefois, celui-ci n'est pas tout à fait identique au premier puisqu'il abrite désormais une antenne de radio téléphonie. A la fin du 19e siècle, ce type de clocheton était très présent sur les bâtiments publics ainsi que sur les hôtels et arborait fièrement le drapeau français.
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